dimanche 25 août 2013

Pourquoi je quitte Facebook.


Fatigué de ce royaume du narcissime qu'est Facebook,  j'ai supprimé mon compte  sous les quolibets de mes amis. Quand je dis amis... disons de mes amis Facebook. Car mes vrais amis ont mon numéro, mon e-mail et en plus, eux, ils lisent ce blog. Acte "socialement dérangé" ou
de bon sens? A vous de juger.

Alors pourquoi quitter ZE réseau social ?

Parce que d'une part, Facebook est à Internet ce que
la télé réalité est à la télé. Une sorte de Loft Story du net. Vous vous y croyez (faussement) entre amis, vous êtes observés, vous le savez et vous agissez comme tel. S'y développe au final les instincts du monde les mieux partagés : la bêtise, le m'as-tu-vu et la jalousie. Parce que d'autre part, si vous tenez vraiment aux avantages des réseaux sociaux, il existe des concurrents à Facebook, plus Arte que TF1. Après c'est vous qui voyez... moi j'ai essayé j'ai pas eu de problème.

Exhibitionnisme vs voyeurisme.


Comme je l'avais déjà mentionné dans un article il y a quelques mois, Facebook c'est avant tout la rencontre de deux névroses. Celle de l'exhibitionnisme, de la mise en scène (pathétique souvent) et celle du voyeurisme accompagnée de sa traditionnelle frustration ou jalousie mal placée. Une petite démonstration s'impose. Est ce important pour vous de savoir ce qu'a mangé la fille de vagues connaissances ? La photo de mariage de votre camarade de 6ème ? Les photos de vacances de votre ex ont-ils un intérêt quelconque si ce n'est le plaisir masochiste de remuer le couteau dans la plaie de votre coeur brisé, ou le plaisir sadique de voir que finalement sans vous elle n'est pas grand-chose ? Si vous avez répondu NON à l'une ou à toutes ces questions c'est que vous aussi vous n'avez (sûrement) rien à faire sur Facebook. (voir l'article "Stalker sans se faire toper" de Cosmo, affligeant)

L'enfant numérique de TF1 et de Paris Match.

1 milliard d'être humain sur le réseau, ça fait réfléchir. A voir ce qu'on y diffuse également. Si Facebook est un outil de communication sans précédent, la question de son usage se pose. Comme pour la télé. Outil d'éducation, d'apprentissage ou d'abrutissement ? Arte ou TF1, vous seul avez la télécommande. Personnellemnt j'ai zappé Facebook. J'ai conservé Linkedin et Google+. Je twitte de moins en moins. 
La chose à retenir c'est que Facebook est un média et que son rôle est de relier les hommes. Ne pas s'y rattacher, c'est se couper du monde. D'un certain monde. Aussi sûrement que de ne pas regarder Loft Story ou de ne pas lire Marc Levy. Le problème avec les médias, c'est que par nature ils déforment la réalité. Et ce média là repose sur une sacrée nature. Composé par des étudiants américains pour mater les nanas du campus, voilà l'ADN de Facebook. Quand en plus la publicité y fait son nid... Vous y penserez quand vous irez consulter le journal d'un ami. Facebook nous donne l'occasion de mettre en scène notre propre vie. Vous voilà propulsé acteur et metteur en scène : le people de votre propre vie. Narcissime assuré. Voyeurisme également puisque vous êtes aussi tour à tour, spectateur. 

Cheap therapie ou huit clos numérique? 


Jean Paul Sartre dans huit clos nous comptait l'histoire de quelques personnes coincées dans la même salle d'attente et qui se regardaient en chien de faïence. Il concluait en disant "l'enfer c'est les autres". Facebook n'est-il pas en passe de devenir cette salle d'attente numérique? A y voir le temps que certains y passent et ce qu'ils y font, la question mérite d'être posée. 
Peut-être d'autres y trouvent-ils une fonction thérapeutique ? Comme dans ce film allemand, La vie des autres. Voir la leur nous ferait peut-être réfléchir à la notre? C'est pourtant déjà ce que nous proposent, depuis la nuit des temps, nos contes et légendes. Remixés ou non par Hollywood. Mais sur Facebook, est-ce vraiment la vie des autres? Ou seulement ce qu'ils veulent bien nous montrer sachant qu'on les regarde? A moins que d'y voir un laboratoire de la psyché humaine. D'y jouer les big brothers, les sociologues. J'étais de ceux là. Mais soyons honnêtes, tout observateur que vous êtes, c'est vous qui payez de votre temps et facebook qui en retire de l'argent. Même observateur, vous faîtes parti des cobayes du labo "Zuckerberg & co". Les chercheurs en psychologie s'en donnent en tout cas à coeur joie (voir l'étude pourquoi on surveille ses relations amoureuses sur Facebook).

Malaise dans la civilisation numérique 



Débarquée avec Internet une nouvelle forme de dépendance : la cyberdépendance. Relever ses mails toutes les 5 minutes, passer sa vie devant l'écran... Ce qui est plus gênant avec Facebook c'est que l'addiction n'est ni vraiment celle liée à un contact humain (quelqu'un pense à moi quand je reçois un mail) ou à un contact avec le monde (quelle info dans le monde là tout de suite?). Par nature Facebook vous connecte à VOTRE monde, celui fait de votre famille, de vos amis et de vos faux amis. Par conséquent, se connecter à Facebook de façon systématique c'est satisfaire un égo mal placé : est ce qu'on commente ce que je vis? Suis je au centre de l'attention? Le centre de MON monde? Malaise dans la civilisation numérique...

Même addiction qu'au casino.


Tout ceci n'est pas sans rappeler ce phénomène que l'on retrouve au casino. On est à peu près certain qu'on a rien à y gagner et pourtant on espère secrètement qu'on va y rencontrer un heureux hasard. Pourtant plus vous vous connectez sur Facebook moins il se passe quelque chose dans votre vie (sinon vous n'auriez pas le temps de vous connecter). L'équation est la suivante : plus vous vous connectez au monde virtuel, moins vous êtes connectés au monde réel.
Tous les centres de recherche du monde on en tout cas trouvé un nouvel objet d'étude (voir l'étude : Facebook, le réseau anti-social). Ce lieu virtuel ou nos instincts les plus bas sont satisfaits : narcissisme  exhibitionnisme, jalousie, addiction et finalement déception. 
Pensez y quand vous vous connecterez : quelqu'un gagne de l'argent, beaucoup d'argent, chaque fois que vous y passez du temps et que vous y laissez chaque jour un peu plus de votre vie privée. En même temps si on vous êtes prêt à les vendre au Nasdaq c'est qu'ils ne doivent pas valoir grand chose.

L'ADN de Facebook : le stalking (fureter)

Quand quelqu'un vous dit qu'il n'est pas sur Facebook tout le monde le regarde avec un air bizarre. Et pourtant réfléchissez y à deux fois avant de lui jeter votre smartphone au visage. Vous y faites quoi? Cela vous rapporte quoi ce "machin"? Pour combien d'heures mieux employées à autre chose? Pour moi comme pour d'autres l'équation est résolu. Rien. En langage de marketeux, le ROI est faible. J'avais déjà quitté le réseau une première fois, las de toutes les sottises et de l'inutilité de ce média. J'y suis revenu plus discret, sans photo, sans mur ouvert, pour y recevoir les invitations aux anniversaires que je ne recevais plus, y développer l'audience de mon blog et y pratiquer la branche de mon métier qu'on appelle Marketing digital.

Puis Google+ a progressé, Linkedin s'est renforcé. Twitter s'est envolé. Facebook j'ai quitté (je n'ai d'ailleurs jamais pu récupérer mes données personnelles).

Alors les réseaux sociaux, oui. Ils ne sont ni mauvais, ni bons en soi. Mais leur architecture, leur ADN en font des outils plus ou moins adaptés à votre vie. Pour moi Facebook ne rempli pas les critères de la vie numérique saine que je souhaite mener. Le Search Graph est un outil dérangeant. D'une puissance phénoménale, il permet toutes les dérives de "stalking", l'ADN de Facebook. Un lieu qui vous fait tourner à huit-clos, baigner dans votre jus avec vos amis et votre famille que vous voyez déjà par ailleurs. Le net est un lieu virtuel ouvert et grand comme le monde, pourquoi s'y recroqueviller sur les siens? Alors oui, je sais, les groupes etc... mais entre nous Google+ fait ça tellement mieux.

PS: Pour ceux qui auraient besoin d'une démonstration plus théorique, allez voir l'étude (Intel) sur les profils psychologiques des utilisateurs Facebook. Pour vous la résumer : plus vous avez d'amis Facebook plus vous êtes narcissique et superficiel. Plus vous publiez sur Facebook moins votre vie est remplie. Cela me fait penser qu'il est temps de poster ce billet et d'aller rejoindre mes amis!



PPS: Pour supprimer vos comptes (pas seulement Facebook), une nouvelle adresse : Just Delete Me

Pour aller plus loin

2 commentaires :

  1. On peut avoir une conscience exacerbée de tout ce syllogisme argumentatif fort construit et tout de même demeurer sur Fb. C'est mon cas, et ma vie est bien remplie :p

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  2. Tu peux tout à fait sur Facebook demeurer sans l'être, c'est possible en effet.

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